Medjugorje,
que l’on pourrait considérer comme la vitrine du Renouveau
Charismatique catholique, montre par ses forces et ses faiblesses toute
l’ambiguïté de la mouvance.
Parmi
les points forts, on relèvera surtout la piété et la sincérité des
fidèles. Une piété et une sincérité dignes du plus grand respect.
Mais ni la piété ni la sincérité ne constituent des critères de
vérité. On les rencontre d’ailleurs, tout aussi dignes de respect,
chez les adhérents de cultes absurdes ou de sectes étranges qui ne
sont, eux, nullement respectables. On trouve de la piété et de la
sincérité chez les adorateurs de l’oignon comme chez les membres du
Mandarom ou de l’Ordre du Temple Solaire : en quoi cela
concerne-t-il la vérité ? Positive également, la véritable
charité qui anime les œuvres créées ou contrôlées par le
Renouveau. Et même, largement au-delà, il se fait du bien spirituel
dans la mouvance : les conversions, parfois trop exaltées pour
être durables, ne sont pas rares. Mais, là, il faut user de prudence.
Les bénéfices spirituels peuvent venir des heureuses dispositions et
de la psychologie des sujets. Ils peuvent venir aussi d’un acte divin,
possible même dans un contexte douteux : Dieu sait, quand il le
veut, tirer un bien du mal. Ils peuvent venir enfin d’une impulsion
satanique : Satan est capable de favoriser ponctuellement le bien
en préparation d’un plus grand mal. Cette dernière hypothèse n’a
rien d’invraisemblable quand on voit dans quel climat peu sain, et en
tout cas étranger aux usages de l’Eglise, se déroulent trop souvent
les dévotions du Renouveau : exaltation, sentimentalisme,
recherche du sensible, illuminisme, charismes étranges, prétendues
interventions directes de Dieu, effets visibles et quasi-automatiques de
l’effusion de l’Esprit. Tout cela est fort éloigné de l’enseignement
de l’Eglise et du témoignage des grands mystiques. On pourrait bien y
déceler, loin de l’objectivité du catholicisme, une certaine
naïveté, des illusions, des débordements liés à la psychologie de
masse. Et sans doute aussi, dans un nombre limité de cas, des faits préternaturels
qui ont beaucoup plus de chances d’être d’origine satanique que d’origine
divine. Enfin, on ne peut éviter d’inscrire au passif du Renouveau
charismatique l’origine protestante du mouvement. Une origine que
rappelle une chaîne de baptêmes dans l’Esprit reçus en son début
par des catholiques de mains protestantes. Certes, les protestants sont
nos frères. Mais ce sont des frères égarés qu’il faudrait ramener
à l’unique bercail et à qui il est plus que douteux que Dieu ait
confié la charge de guider l’Eglise catholique vers la Voie, la
Vérité et la Vie.
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