Les Charismatiques après la fête - Daniel Raffard de Brienne

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Une longue histoire

Ces idées réapparaissent régulièrement au cours des siècles qui se sont écoulés depuis celui de Montan, et particulièrement au Moyen Age.

On les retrouve en partie chez Pierre Valdo, un marchand lyonnais cossu, qui se met, vers 1170, et en dehors de tout ministère officiel, à prêcher contre la richesse. Valdo est condamné en 1184 par le pape Lucius III, mais., si beaucoup de ses disciples, les Vaudois, ont rejoint les courants hussite et protestants, il subsiste des groupes vaudois au Piémont.

Plus intéressante encore est la doctrine des Joachites ou Joachimites. Ces disciples, plutôt abusifs, de Joachim de Flore (1145-1204), enseignaient la succession des trois ères : la période du Père, allant de la Création à la Rédemption, et suivie de celle du Fils, dans l’attente de celle du Saint Esprit Là donc, encore, on annonçait l’intervention particulière de la troisième personne de la Trinité[17]. A noter qu’autour des Vaudois et des Joachites, et les rejoignant parfois, gravitaient d’autres groupes, comme ceux des Bégards ou des Frères du Libre Esprit.

Vers 1260, Gérard Ségarelli prêche, lui aussi sans mission et lui aussi contre la richesse. Sa secte, les Frères Apostoliques, disparaîtra au XIVe siècle[18]. On notera que, à la fin du XIIe siècle, deux femmes avaient créé une secte à Milan en prétendant que le Saint Esprit s’était incarné en elles[19]. On retrouve encore une action spéciale du Saint Esprit chez les Fraticelles. Fondés chez les Franciscains par l’un d’entre eux, Pierre d’Olive (+1297), les Fraticelles annoncent que le Saint Esprit va établir sur la Terre le règne de l’amour de Dieu. Le pape saint Célestin V autorise quelques-uns d’entre eux à former une communauté particulière qui ne tarde pas à se diviser et à disparaître. Les autres se révoltent et sont condamnés[20].

On pourrait citer d’autres mouvements mystiques où l’on retrouve certaines tendances qui renaîtront au XXe siècle. Mentionnons, par exemple, au XVIe siècle, de nouveau chez les Franciscains, les Alumbrados ou Alambrados qui développent en Espagne, indépendamment de l’autorité ecclésiastique, un mysticisme excessif[21]. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, avec Molinos (condamné en 1687 par le pape Innocent XI) puis Madame Guyon, naît et prospère le quiétisme, une doctrine faisant consister la perfection dans la passivité de l’âme sous l’action divine[22]. Pour les Quiétistes, comme au Moyen Age chez les Bégards, on peut acquérir soi-même l’état passif où Dieu agit par la grâce opérante, alors qu’« on n’y arrive normalement qu’après avoir longuement pratiqué les vertus et la méditation »[23].

[17] Marion, note 6, t. II, p. 511-512.

[18] Ibid, p.511.

[19] Loc. cit.

[20] Marion, note 6, t. m, p. 94-95.

[21] Nouveau Larousse Illustré.

[22] Marion, note 6, t IV, p. 117-123.

[23] Ad. Tanquerey, Précis de théologie ascétique et mystique (Desclée, 1925), n° 1482-1488.

Vers la partie suivante:

En réaction contre l’après-Vatican II