Ces
idées réapparaissent régulièrement au cours des siècles qui se sont
écoulés depuis celui de Montan, et particulièrement au Moyen Age.
On les
retrouve en partie chez Pierre Valdo, un marchand lyonnais cossu, qui se
met, vers 1170, et en dehors de tout ministère officiel, à prêcher
contre la richesse. Valdo est condamné en 1184 par le pape Lucius
III, mais., si beaucoup de ses disciples, les Vaudois, ont rejoint les
courants hussite et protestants, il subsiste des groupes vaudois au
Piémont.
Plus
intéressante encore est la doctrine des Joachites ou Joachimites. Ces
disciples, plutôt abusifs, de Joachim de Flore (1145-1204),
enseignaient la succession des trois ères : la période du Père,
allant de la Création à la Rédemption, et suivie de celle du Fils,
dans l’attente de celle du Saint Esprit Là donc, encore, on
annonçait l’intervention particulière de la troisième personne de
la Trinité[17]. A
noter qu’autour des Vaudois et des Joachites, et les rejoignant
parfois, gravitaient d’autres groupes, comme ceux des Bégards ou des
Frères du Libre Esprit.
Vers
1260, Gérard Ségarelli prêche, lui aussi sans mission et lui aussi
contre la richesse. Sa secte, les Frères Apostoliques, disparaîtra au
XIVe siècle[18]. On
notera que, à la fin du XIIe siècle, deux femmes avaient créé une
secte à Milan en prétendant que le Saint
Esprit s’était incarné en elles[19].
On retrouve encore une action spéciale du Saint Esprit chez les
Fraticelles. Fondés chez les Franciscains par l’un d’entre eux,
Pierre d’Olive (+1297), les Fraticelles annoncent que le Saint Esprit
va établir sur la Terre le règne de l’amour de Dieu. Le pape saint
Célestin V autorise quelques-uns d’entre eux à former une
communauté particulière qui ne tarde pas à se diviser et à
disparaître. Les autres se révoltent et sont condamnés[20].
On
pourrait citer d’autres mouvements mystiques où l’on retrouve
certaines tendances qui renaîtront au XXe siècle. Mentionnons, par
exemple, au XVIe siècle, de nouveau chez les Franciscains, les
Alumbrados ou Alambrados qui développent en Espagne, indépendamment de
l’autorité ecclésiastique, un mysticisme excessif[21].
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, avec Molinos (condamné en 1687 par le
pape Innocent XI) puis Madame Guyon, naît et prospère le quiétisme,
une doctrine faisant consister la perfection dans la passivité de l’âme
sous l’action divine[22].
Pour les Quiétistes, comme au Moyen Age chez les Bégards, on peut
acquérir soi-même l’état passif où Dieu agit par la grâce
opérante, alors qu’« on n’y arrive normalement qu’après avoir
longuement pratiqué les vertus et la méditation »[23]. |