On cultive au
Renouveau beaucoup d’autres charismes. Il en existe un dont on parle
assez peu bien qu’il joue un grand rôle dans les faits. C’est le
charisme de responsable ou de leader dans les communautés. Par ce
charisme, le responsable participe à la paternité de Dieu dont il
est 1’« élu » et par qui il est le berger de son troupeau[191].
Dans chaque assemblée, il y a au
moins un leader reconnu par la communauté.
Sans être directif, il peut regrouper autour du micro des personnes
ayant le charisme de prophétie, ou en faire taire une autre (au
risque de censurer le Saint Esprit ?)[192].
Le charisme de
prophétie n’a pas pour objet la prédiction d’événements à
venir, même si le Père Tardif a pu annoncer en 1981 au Père Vlasik
les futures apparitions de Medjugorje[193].
Il consiste à parler au nom ou à la place de Dieu[194].
« Ce charisme a pour but évident de rendre actuelle la présence de
Dieu et d’énoncer en son nom des paroles en style direct »[195].
Le charisme de
prophétie « est probablement, avec le don des langues, l’un des
charismes les plus répandus et des plus nécessaires » ; « La
plupart des chrétiens sont appelés à l’exercer d’une manière
ou d’une autre ». C’est « une parole ou image
intérieure... que celui qui la reçoit se sent poussé à dire, à
transmettre au nom
du Seigneur ». Ceux à qui elle est destinée « reconnaissent
la prophétie en ce qu’elle les rejoint profondément »[196].
On le voit une fois de plus, tout repose sur le sentiment, la
subjectivité, voire l’illuminisme.
Bien d’autres
charismes sont proches du charisme de prophétie, il y a des «
signes, guérisons, multiplications de nourriture », que le R.P.
de Monléon cite avec, semble-t-il, une
certaine méfiance[197].
L’actuel évêque de Meaux parle aussi du charisme de foi qui « est
une motion spéciale de l’Esprit Saint qui donne la conviction
intime que telle grâce, tel signe sont déjà donnés » : c’est
« une certitude simple venue d’en haut »[198].
Toujours la subjectivité.
Les charismes de
piété suscitent chez les autres le goût de la prière : la
charisme de chant, le charisme de liturgie et le charisme de louange
grâce auquel, sans fausse honte, on peut « chanter de tout son coeur
avec des cris de joie, c’est tout ce qu’il y a de plus biblique »[199].
Très proches
encore du charisme de prophétie, on peut nommer les charismes d’exhortation
(à la conversion ou au progrès), de texte (citations de l’Ecriture)
ou de connaissance (annonce de guérisons, lumières sur la foi ...)[200].
On explique à propos de ce dernier : « Dans le Renouveau, on
désigne par parole de science ou parole de connaissance une parole
qui, venant d’une motion intérieure, révèle à une autre personne
une chose connue d’elle seule et dont elle est éclairée alors
comme d’une grâce ou d’une lumière venant du Seigneur »[201].
Le charisme de
discernement permet de vérifier les autres charismes. Selon des
auteurs du Renouveau, « le critère est d’accueillir Jésus-Christ
dans toute sa divinité comme dans tout ce qu’il nous dit du
mystère de Dieu et du mystère de l’homme... L’Esprit
saint ne se contredit pas »[202].
Que signifie concrètement tout cela ? Le discernement est
cependant dit « objectif » par ces auteurs, mais il vient bien
subjectivement de motions internes et de perceptions intuitives. « On
discerne beaucoup la présence de l’Esprit saint à l’écoute, à
l’oreille, puisqu’il est de l’ordre de la voix... Ce
discernement peut même s’exercer par des sensations physiques »[203].
Nous sommes là
bien loin des règles du discernement des esprits énoncées par saint
Ignace de Loyola, des règles précises et
concrètes qui font appel à la raison[204].
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