Nous ne
pouvons clore cette courte étude sur le Pentecôtisme ou Renouveau
charismatique sans dire quelques mots des apparitions et autres faits
surnaturels dont Medjugorje, une bourgade de Bosnie-Herzégovine, aurait
été le théâtre. Il n’est pas question de revenir ici en détail
sur cette affaire qui a déjà fait l’objet d’études très
documentées, notamment sous la signature du Frère Michel de la Sainte
Trinité[205]. Les
faits de Medjugorje ont surgi et se sont développés dans un contexte
nettement charismatique, au moment où le Renouveau, après avoir gagné
les milieux catholiques, y atteignait son apogée. D’une certaine
manière, Medjugorje, c’est le Lourdes ou le Fatima des
charismatiques.
Les
apparitions sont en effet prises en compte par le Renouveau
charismatique dès leur début. Et même avant, puisqu’il les a
annoncées plusieurs fois. Notamment, un mois avant leur commencement,
un grand leader du Renouveau, le Père Tardif, que nous avons déjà
cité plusieurs fois, en avait averti à Rome le Père Vlasik, celui des
franciscains charismatiques croates qui jouera le plus grand rôle à
Medjugorje. Prédiction étrange, au moins inhabituelle si les
apparitions sont authentiques.
Les
franciscains croates prennent l’affaire en main dès son origine. Neuf
jours après la première apparition, celle du 24 juin 1981 et sans la
moindre enquête qu’aurait exigée la plus élémentaire prudence, ils
organisent déjà des pèlerinages. Lors de ses apparitions, la «
Vierge » ou Gospa (la Dame) y met du sien, recommande la constitution
de groupes de prière et l’imposition des mains. Elle annonce la venue
des grands leaders charismatiques qui arrivent bientôt et distribuent
baptêmes dans l’Esprit, guérisons, charismes... La Gospa se
satisfait fort de cette agitation charismatique et déclare le 26
octobre 1981 que l’un des principaux franciscains de Medjugorje, le
Père Zovko, « est un saint » ![206]
Le jour de la Pentecôte 1983, le 22 mai, les événements de l’unique
Pentecôte se reproduisent : les fidèles ressentent
intérieurement, de manière sensible, la présence du Saint Esprit. En
août 1983, le célèbre Père Tardif débarque à Medjugorje avec d’autres
dirigeants du Renouveau. Il multiplie aussitôt les baptêmes dans l’Esprit
et les guérisons. Il enseigne aux fidèles à prophétiser et à
chanter en langues. Les voyants eux-mêmes s’engagent au Renouveau et
se mettent à imposer les mains. On voit clairement que Medjugorje est
si intimement lié au Renouveau charismatique que les questions et les
doutes qui s’imposent au sujet de celui-ci s’appliquent également
et nécessairement aux événements qui se sont déroulés dans la
petite ville de Bosnie-Herzégovine.
On
opposera à cela que beaucoup de bien s’est fait ou continue de se
faire à Medjugorje où l’on assiste en particulier
à de véritables conversions et à des guérisons spirituelles. Dans un
rapport de 1999, Mgr Brincard, évêque du Puy, répond très justement
à cet argument : « Les fruits si souvent mentionnés n’apportent
pas la preuve qu’ils découlent d’apparitions ou de révélations
surnaturelles de la Vierge. Mais, dans la mesure où ils sont
authentiquement chrétiens, ils peuvent s’interpréter comme un
produit de l’œuvre normale de la grâce divine, par la foi en Dieu,
par l’intercession de la Vierge Marie, mère du Christ, et par les
sacrements de l’Eglise catholique »[207]. |