Les Charismatiques après la fête - Daniel Raffard de Brienne

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Des bizarreries

En lisant les récits des apparitions, et notamment l’un des premiers dû à un franciscain charismatique de Medjugorje[208], on ressent un certain malaise à la découverte d’un grand nombre de bizarreries ou de détails de goût douteux. On a l’impression de se trouver devant une grandiose caricature de Fatima. A Fatima, les trois enfants se voient confier trois secrets ; la Gospa de Medjugorje en révèlent des dizaines à ses six voyants. La fameuse danse du soleil dont 70 000 personnes ont été les témoins à Fatima se reproduit le 2 août 1981 à Medjugorje, mais les cent cinquante témoignages recueillis divergent totalement : les témoins ont vu à la place du soleil, qui un coeur, qui une hostie, qui une croix, avec ou sans accompagnement d’anges ou de ballons de couleurs ![209] La première apparition se produit le 24 juin 1981 sur une colline proche de la bourgade. Chaque jour sera désormais marqué d’une apparition de la Gospa qui formera un « groupe de prière » avec ses six voyants, des enfants et adolescents de 11 à 19 ans. Le récit des apparitions révèle des détails qui frisent parfois le ridicule ou le mauvais goût. Exemple de ridicule : la Gospa obligée de changer plusieurs fois de place parce que les gens qui ne la voient pas marchent sur son voile. Exemple de mauvais goût : les pèlerins invités à « toucher » la Gospa (invisible pour eux) et le faisant au point de noircir son voile. Au début, donc, l’apparition quotidienne a pour cadre la colline. Puis elle a lieu un peu partout: dans l’église, au presbytère, dans les champs ou les maisons où se trouvent les voyants. Le pouvoir communiste se montre hostile ; il deviendra coopératif lorsqu’il se rendra compte que les pèlerins étrangers apportent des devises.

Quant au lieu des apparitions, la Gospa, on le voit, accepte tout. « Dans le courant de février 1982, on demande aux enfants de venir à l’église pour y recevoir leurs visions. Et c’est là, depuis lors, que les visions ont lieu : dans une petite pièce attenante au sanctuaire, en face de la sacristie »[210]. C’est discret et commode ! Une lettre adressée au pape le 2 décembre 1983 par le Père Vlasic donne des détails bien intéressants[211]. On y apprend qu’en 1982 l’une des voyantes a vu apparaître Satan sous l’aspect de la Gospa. Elle a repoussé ses tentations et la vraie Gospa est venue. D’après les voyants, « ces apparitions sont les dernières apparitions de la Vierge sur la Terre. C’est la raison pour laquelle elles sont si longues et si fréquentes »[212]. En fait, elles précèdent un « signe visible » qui sera annoncé par trois avertissements. Le « signe visible » sera suivi de près par un événement redoutable qui affectera le monde entier. « Après le signe visible, ceux qui resteront en vie auront peu de temps pour la conversion »[213]. Près de vingt ans ont passé. Le signe n’est toujours pas visible. Les apparitions quotidiennes, devenues très brèves il est vrai, se comptent par milliers. Que dit la Gospa au cours de ses milliers de visites ? Ce qui domine, ce sont des appels à la conversion et à la pénitence. Mais on relève aussi beaucoup de propos anodins, généralement très plats. Et encore des nouvelles du sort de personnes décédées, des promesses de guérison pour des malades dont certains n’en meurent pas moins. Des problèmes religieux sont abordés, de manière souvent puérile et, nous allons le voir, parfois erronée. Pour l’anecdote, notons le baiser incongru de la Gospa au portrait du pape et la manière dont la Gospa évalue le nombre des pèlerins, non sans, selon un usage répandu, le gonfler largement. On guérit beaucoup à Medjugorje, mais, comme pour toutes les guérisons charismatiques, aucun dossier ne fait l’objet de contrôles. Au bout de quelques années, l’évêque de Mostar a pu cependant se faire remettre une cinquantaine de dossiers de ces guérisons et les a soumis au bureau des constatations de Lourdes. Ce bureau n’en a retenu aucun.

[208] Svetozar Kraljevic, Les apparitions de Medjugorje (Fayard, 1984). Traduction, préface, photographie, tout est du Lion de Juda.

[209] Op. cit. p. 57.

[210] Op. cit., p. 44.

[211] L’Homme Nouveau, n° 853,4 mars 1984.

[212] Ibid.

[213] Ibid.

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Des points inacceptable