Les Charismatiques après la fête - Daniel Raffard de Brienne

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Baptême dans l’Esprit et effusion, quelle signification ?

Des pentecôtistes soutiennent, sans le moindre fondement, que le baptême dans l’Esprit n’est que la reprise d’une pratique apostolique fâcheusement abandonnée par l’Eglise depuis de nombreux siècles. On retrouve dans ce désir de retour à l’antiquité un procédé proprement révolutionnaire que Pascal dénonçait déjà dans le domaine politique. Selon Pascal, en effet, «l’art de fronder, bouleverser les Etats, est d’ébranler les coutumes établies, en sondant jusque dans leur source, pour marquer leur défaut d’autorité et de justice, il faut, dit-on, recourir aux lois fondamentales et primitives de l’Etat qu’une coutume injuste a abolies. C’est un jeu sûr de tout perdre »[149]. C’est par ce même procédé, qui consiste à rechercher des usages périmés sans tenir compte ni de leur ancien contexte ni donc de leur véritable signification, pas plus que de l’approfondissement de la doctrine et de l’enrichissement des rites, que des « réformateurs » de tous les temps ont voulu modifier l’Eglise et l’ont abandonnée pour n’être pas parvenus à lui faire admettre leurs idées déviantes. Les protestants n’ont pas agi autrement au XVIe siècle, et c’est parmi eux qu’à la fin du XIXe apparaît ce baptême dans l’Esprit qu’ils transmettront ensuite aux catholiques. Peut-on admettre que les protestants puissent ainsi transmettre aux catholiques des pouvoirs d’origine divine, sans même que cela n’entraîne pour eux aucun retour à l’unique Eglise du Christ ? Peut-on croire que Dieu ait confié à ces gens, qui ont quitté l’Eglise détentrice de l’unique vérité, la mission d’apporter un nouvel enseignement et une nouvelle voie de salut aux membres de cette Eglise ? Si oui, il faudrait chercher la véritable Eglise dans le protestantisme et inciter les charismatiques catholiques à le rejoindre, puisque le Christ n’a voulu qu’un seul troupeau que doivent regagner les brebis égarées. On rencontre ici une nouvelle difficulté puisque le pentecôtisme est né, non pas dans une seule « église » protestante, mais en même temps dans des groupes appartenant à diverses confessions protestantes aussi éloignées, ou peu s’en faut, les unes des autres que de l’Eglise catholique.

Dans le passage, avec les mêmes effets pour tous, de l’effusion de l’Esprit de protestants à catholiques et même de croyants à non-croyants, faut-il voir un simple indifférentisme, absurde sur le plan de la raison, ou plutôt l’ambition de créer une super-Eglise coiffant toutes les confessions ?

La deuxième réponse semble évidente si l’on se fie aux paroles adressées en 1984 par un évêque yougoslave, Mgr Franic, aux franciscains charismatiques de Medjugorje : « Je vois naître sous nos yeux une nouvelle Eglise : l’Eglise du Saint-Esprit C’est cela, je crois, la Pentecôte dont parlait Jean XXIII convoquant le Concile... Le rôle de Medjugorje, je le vois surtout dans ce rapprochement avec les frères des autres Eglises, avec les frères orthodoxes, les musulmans et même les frères marxistes. Notre-Dame rayonne ici uniquement l’amour... Notre but à nous... est de fortifier notre foi en Dieu et en l’homme... et de poursuivre par l’apologie de la théologie et des pratiques charismatiques »[150].

On retrouve là, une fois de plus, les thèses des Montanistes, des Joachimites et de bien d’autres, sur l’ouverture d’une ère du Saint Esprit succédant à celle du Christ. Or nous savons que ces thèses sont rejetées par l’Eglise comme erratiques et ne peuvent donc être inspirées par le Saint Esprit.

Une question s’impose alors. Baptême dans l’Esprit, effusion de l’Esprit, peut-être. Mais de quel esprit s’agit-il ?

[149] Biaise Pascal, pensée 294.

[150] H. Le Caron, A propos du Renouveau Charismatique (De Rome et d’ailleurs, n° 67, mars 1986); Contre-Réforme Catholique, n° 225, p. 25; abbé Laurentin, Dernières Nouvelles n° 3.

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