Les Charismatiques après la fête - Daniel Raffard de Brienne

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Le baptême dans l’Esprit et les sacrements

Les charismatiques sont bien en peine de définir l’effusion de l’Esprit et de donner au baptême dans l’Esprit une place dans l’Eglise.

Les tentatives de définition ont été assez nombreuses et variées, allant de la « demande de conversion accompagnée d’un geste de solidarité », ce qui paraît bien faible, à un « revêtement extérieur de puissance », ce qui paraît à la fois flou et beaucoup[141]. La plus récente de ces définitions semble assez obscure : « L’effusion de l’Esprit est une expérience de Dieu qui s’inscrit dans l’itinéraire spirituel d’une personne et revêt le plus souvent la forme d’une prière soutenue par un groupe de croyants »[142].

Une de ces définitions est peut-être plus claire, mais elle soulève d’autres problèmes liés à la notion de sacrement : « la communication par l’imposition des mains des dons du Saint Esprit reçus en plénitude »[143]. Or les dons du Saint Esprit sont communiqués par le sacrement de Confirmation[144] que tout baptisé dans l’Esprit catholique a reçu, comme il a déjà reçu le sacrement de Baptême. Le baptême dans l’Esprit voudrait-il être un renouvellement de ces deux sacrements, alors qu’ils ne sont conférés qu’une seule fois et ne peuvent être renouvelés. Le renouvellement des promesses du Baptême se fait sans rite particulier à l’occasion de la communion solennelle[145].

Le baptême dans l’Esprit serait-il donc un huitième sacrement ? Sans parvenir à préciser sa place dans la vie spirituelle, les charismatiques catholiques lui dénient absolument, et à raison, cette qualité. L’Eglise n’a, depuis son origine, que sept sacrements, tous institués par le Christ, il est impossible d’en ajouter un nouveau. Loin d’être laissés à l’improvisation, les sacrements sont administrés selon des règles strictes. Loin de produire des effets sensibles, ils agissent par eux-mêmes, ex opere operato, et leurs effets se font au niveau de l’âme[146]. Lorsque les théologiens thomistes parlent de l’« efficacité physique » des sacrements, ils veulent dire que ceux-ci produisent immédiatement et directement leurs effets dans l’âme[147]. « Les gains spirituels ne tombent pas sous les sens et ne sauraient faire l’objet en eux-mêmes d’une expérimentation »[148]. Il faut enfin noter que le baptême dans l’Esprit est accepté par les non-catholiques chez qui il produit les mêmes effets que chez les catholiques. Or les protestants, par exemple, ne reconnaissent pas les sacrements de l’Eglise, non plus que leur définition. Es ne confèrent que le baptême et, pour que ce baptême soit valide aux yeux de l’Eglise, il faut qu’il ait été administré avec de l’eau au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit (et pas au seul nom de la troisième personne de la Trinité).

[141] A. de Lassus, note 71.

[142] Peyrous et Catta, note 79, p. 118.

[143] A. de Lassus, note 71.

[144] Par exemple : Bernard Bertmann, Précis de théologie dogmatique (Salvator et Casterman, 1935).

[145] Abbé Coiffet, note 11.

[146] Par exemple : Louis Ott, Précis de théologie dogmatique (Salvator et Casterman, 1955).

[147] En grec, phusis signifie : 1. la façon de faire naître, 2. la nature.

[148] RP Eugène, note 135, p. 14.

Vers la partie suivante:

Baptême dans l’Esprit et effusion, quelle signification ?