Les
charismatiques sont bien en peine de définir l’effusion de l’Esprit
et de donner au baptême dans l’Esprit une place dans l’Eglise.
Les
tentatives de définition ont été assez nombreuses et variées, allant
de la « demande de conversion accompagnée d’un geste de solidarité
», ce qui paraît bien faible, à un « revêtement extérieur de
puissance », ce qui paraît à la fois flou et beaucoup[141].
La plus récente de ces définitions semble assez obscure : « L’effusion
de l’Esprit est une expérience de Dieu qui s’inscrit dans l’itinéraire
spirituel d’une personne et revêt le plus souvent la forme d’une
prière soutenue par un groupe de croyants »[142].
Une de
ces définitions est peut-être plus claire, mais elle soulève d’autres
problèmes liés à la notion de sacrement :
« la communication par l’imposition des mains des dons du Saint
Esprit reçus en plénitude »[143].
Or les dons du Saint Esprit sont communiqués par le sacrement de
Confirmation[144]
que tout baptisé dans l’Esprit catholique a reçu, comme il a déjà
reçu le sacrement de Baptême. Le baptême dans l’Esprit voudrait-il
être un renouvellement de ces deux sacrements, alors qu’ils ne sont
conférés qu’une seule fois et ne peuvent être renouvelés. Le
renouvellement des promesses du Baptême se fait sans rite particulier
à l’occasion de la communion solennelle[145].
Le
baptême dans l’Esprit serait-il donc un huitième sacrement ?
Sans parvenir à préciser sa place dans la vie spirituelle, les
charismatiques catholiques lui dénient absolument, et à raison, cette
qualité. L’Eglise n’a, depuis son origine, que sept sacrements,
tous institués par le Christ, il est impossible d’en ajouter un
nouveau. Loin d’être laissés à l’improvisation, les sacrements
sont administrés selon des règles strictes. Loin de produire des
effets sensibles, ils agissent par eux-mêmes, ex opere operato, et
leurs effets se font au niveau de l’âme[146].
Lorsque les théologiens thomistes parlent de l’« efficacité
physique » des sacrements, ils veulent dire que ceux-ci produisent
immédiatement et directement leurs effets dans l’âme[147].
« Les gains spirituels ne tombent pas sous les sens et ne sauraient
faire l’objet en eux-mêmes d’une expérimentation »[148].
Il faut enfin noter que le baptême dans l’Esprit est accepté par les
non-catholiques chez qui il produit les mêmes effets que chez les
catholiques. Or les protestants, par exemple, ne reconnaissent pas les
sacrements de l’Eglise, non plus que leur définition. Es ne
confèrent que le baptême et, pour que ce baptême soit valide aux yeux
de l’Eglise, il faut qu’il ait été administré avec de l’eau au
nom du Père, du Fils et du Saint Esprit (et pas au seul nom de la
troisième personne de la Trinité). |