Les Charismatiques après la fête - Daniel Raffard de Brienne

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Le charisme de guérison

Autre charisme très répandu au Renouveau : le charisme de guérison. Nous en avons déjà eu un aperçu à propos de la communauté des Béatitudes, naguère Lion de Juda. Nous avons vu comment cette communauté répugne à soumettre à un contrôle les guérisons qu’elle dit obtenir et comment elle a fini par reconnaître à ces guérisons un caractère surtout psychologique

Loin de se limiter aux Béatitudes, le charisme de guérison occupe une place très importante dans l’ensemble de la mouvance du Renouveau. Et il n’y s’agit pas seulement d’effet psychologique, mais d’action prétendue physique. Le Père Tardif, le célèbre prêtre charismatique canadien récemment décédé, s’est rendu plusieurs fois à Paray-le-Monial à l’invitation de la communauté Emmanuel. Voici le genre de propos qu’il a tenus au cours des assemblées : « il y a dans la salle une personne qui souffre d’une sciatique depuis plus de six ans. Le Seigneur est en train de la guérir ». Ou encore : « Trois malades qui se trouvent dans cette salle sont en train de guérir d’un cancer »[186]. Bien sûr, on ne cherche pas à identifier les heureux bénéficiaires.

D’ailleurs, les guérisons charismatiques ne font jamais l’objet de contrôles. Le Renouveau réprouve même la procédure du bureau médical de Lourdes qui a « l’inconvénient de laisser croire au peuple chrétien, et à tout homme de bonne volonté, que Dieu se désintéresse de tous les autres patients »[187]. Ce raisonnement (?) est au moins surprenant.

Au demeurant, Lourdes est dépassée, à en croire le cardinal Suenens qui a déclaré : « A Lourdes, pendant un siècle, Marie a tenu l’intérim de la guérison dans l’Eglise, maintenant le Renouveau charismatique lui a rendu sa place normale »[188]. On retrouve, une fois de plus, le thème de l’Eglise infidèle à sa mission pendant de nombreux siècles. Une fois de plus, on oppose le Renouveau à l’Eglise : il ne reste qu’à suggérer derechef la naissance d’une Eglise de l’Esprit.

Pour en revenir au problème du contrôle objectif des guérisons, la question ne se pose pas pour les charismatiques puisque, pour eux, « le problème n’est pas de savoir si la guérison est extraordinaire ou non, mais de se tourner avec foi vers le Seigneur et d’avoir la joie de voir la personne malade aller mieux »[189].

Rome s’est émue de la multiplication des réunions de prière organisées autour du charisme de guérison. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi a publié à ce sujet une ferme instruction en novembre 2000[190]. Rome rappelle que la liturgie comporte des prières demandant la guérison et qu’il existe des pèlerinages dans le même sens. En revanche, elle critique sévèrement les réunions où « l’on évoque parfois un prétendu charisme de guérison », d’autant plus que ce « charisme » ne peut être attribué « à une certaine classe déterminée de fidèles ». Si le Vatican déplore la « multiplication de réunions de prière... visant à obtenir de Dieu la guérison », il précise que, dans le cas de semblables réunions, « il est en outre nécessaire que, durant leur déroulement, on n’en vienne pas, surtout de la part de ceux qui les dirigent, à des formes semblables à l’hystérie, à l’artificialité, à la théâtralité ou au sensationnalisme ».

[186] A. Dewailly, note 26, p. 94.

[187] Peyrous et Catta, note 79, p. 186.

[188] Même référence, p. 184.

[189] Même référence, p. 185.

[190] Instruction sur les prières pour obtenir de Dieu la guérison (larges extraits dans Présent du 6 janvier 2001; quelques extraits aussi dans d’autres journaux comme La Voix du Nord du 23 novembre 2000).

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