Autre charisme
très répandu au Renouveau : le charisme de guérison. Nous en
avons déjà eu un aperçu à propos de la communauté des
Béatitudes, naguère Lion de Juda. Nous avons vu comment cette
communauté répugne à soumettre à un contrôle les guérisons qu’elle
dit obtenir et comment elle a fini par reconnaître à ces guérisons
un caractère surtout psychologique
Loin de se limiter
aux Béatitudes, le charisme de guérison occupe une place très
importante dans l’ensemble de la mouvance du Renouveau. Et il n’y
s’agit pas seulement d’effet psychologique, mais d’action
prétendue physique. Le Père Tardif, le célèbre prêtre
charismatique canadien récemment décédé, s’est rendu
plusieurs fois à Paray-le-Monial
à l’invitation de la communauté Emmanuel. Voici le genre de propos
qu’il a tenus au cours des assemblées : « il y a dans la
salle une personne qui souffre d’une sciatique depuis plus de six
ans. Le Seigneur est en train de la guérir ». Ou encore :
« Trois malades qui se trouvent dans cette salle sont en train de
guérir d’un cancer »[186].
Bien sûr, on ne cherche pas à identifier les heureux
bénéficiaires.
D’ailleurs, les
guérisons charismatiques ne font jamais l’objet de contrôles. Le
Renouveau réprouve même la procédure du bureau médical de Lourdes
qui a « l’inconvénient de laisser croire au peuple chrétien, et
à tout homme de bonne volonté, que Dieu se désintéresse de tous
les autres patients »[187].
Ce raisonnement (?) est au moins surprenant.
Au demeurant,
Lourdes est dépassée, à en croire le cardinal Suenens
qui a déclaré : « A Lourdes, pendant un siècle, Marie a tenu
l’intérim de la guérison dans l’Eglise, maintenant le Renouveau
charismatique lui a rendu
sa place normale »[188].
On retrouve, une fois de plus, le thème de l’Eglise infidèle à sa
mission pendant de nombreux siècles. Une fois de plus, on oppose le
Renouveau à l’Eglise : il ne reste qu’à suggérer derechef
la naissance d’une Eglise de l’Esprit.
Pour en revenir au
problème du contrôle objectif des guérisons, la question ne se pose
pas pour les charismatiques puisque, pour eux, « le problème n’est
pas de savoir si la guérison est extraordinaire ou non, mais de se
tourner avec foi vers le Seigneur et d’avoir la joie de voir la
personne malade aller mieux »[189].
Rome s’est émue
de la multiplication des réunions de prière organisées autour du
charisme de guérison. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi a
publié à ce sujet une ferme instruction en novembre 2000[190].
Rome rappelle que la liturgie comporte des prières demandant la
guérison et qu’il existe des pèlerinages dans le même
sens. En revanche, elle critique
sévèrement les réunions où « l’on évoque parfois un prétendu
charisme de guérison », d’autant plus que ce « charisme » ne
peut être attribué « à une certaine classe déterminée de
fidèles ». Si le Vatican déplore la « multiplication de
réunions de prière... visant à obtenir de Dieu la guérison », il
précise que, dans le cas de semblables réunions, « il est en outre
nécessaire que, durant leur déroulement, on n’en vienne pas,
surtout de la part de ceux qui les dirigent, à des formes semblables
à l’hystérie, à l’artificialité, à la théâtralité ou au
sensationnalisme ».
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