Lors de
leur assemblée à Lourdes en 1999, les évêques de France se sont
inquiétés de la position de l’Eglise à l’égard des pèlerinages
à Medjugorje organisés dans leurs diocèses. En réponse à leur
question Mgr Brincard, évêque du Puy et chargé de l’accompagnement
de l’Association des œuvres mariales a rédigé une communication
bien documentée et objective[222].
Mgr
Brincard n’aborde que marginalement les « faits » eux-mêmes, n’ayant
pas de compétence juridictionnelle pour les juger. Il constate
néanmoins que certains fruits de ces faits sont bons et, comme nous l’avons
vu, il en donne des explications. Mais il constate aussi que d’autres
fruits sont « douteux ou même mauvais », ce qui entraîne de sa part
plus que de la réserve.
Le
dessein de l’évêque du Puy est surtout de faire connaître les
jugements et décisions des autorités compétentes.
A
Rome, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi n’a pas pris de
position sur les faits eux-mêmes mais son secrétaire a recommandé en
1985 aux évêques italiens de décourager publiquement l’organisation
de pèlerinages à Medjugorje. Il rappelle deux fois en 1996 qu’un
culte lié aux « faits » n’est pas autorisé. Mais, curieusement, en
1998, il écrit que les pèlerinages sont permis à condition qu’ils
ne constituent pas une authentification des faits. Mgr Brincard se
demande très justement à ce sujet comment ces pèlerinages pourraient
ne pas cautionner ces faits. Avant de disparaître avec la Yougoslavie,
la conférence des évêques yougoslaves avait déclaré à Zadar, le 10
avril 1991 : « Sur la base des investigations menées jusqu’ici,
il n’a pas été possible d’établir qu’il s’agisse d’apparitions
ou de révélations surnaturelles ». La conférence épiscopale de
Bosnie-Herzégovine, saisie en 1999, ne s’est pas encore prononcée.
La conférence épiscopale de Yougoslavie n’avait fait que reprendre
la conclusion de la commission d’enquête établie par l’évêque de
Mostar. Le 2 mai 1986, cette commission avait voté « à bulletins
secrets, à 11 voix contre 4, contre la reconnaissance du caractère
surnaturel des faits ».
Mgr
Brincard fait observer que, si la congrégation romaine et la
conférence épiscopale ont été saisies avec l’accord de l’évêque
du diocèse où se sont produits les faits, seul cet évêque, celui de
Mostar, est compétent pour porter un jugement définitif. L’évêque
du Puy cite à ce propos les cas de La Salette, Banneux et Beauraing où
les ordinaires des lieux ont tranché malgré l’opposition de leurs
métropolitains. Or les évêques successifs de Mostar ont porté des
jugements qui, pour n’être encore que « personnels », n’en sont
pas moins totalement négatifs et fondés sur les travaux des
commissions d’enquête. Mgr Zanic a publié sa position dès le 30
octobre 1984 et l’a précisée en mars 1990 dans une notification en
vingt-huit points. Son successeur, Mgr Peric, conclut dans un ouvrage
édité en 1995 : « il est donc défendu de prétendre ou de
professer dans les églises et dans les communautés religieuses que
Notre Dame serait apparue ou apparaîtrait encore à Medjugorje. » |