Les Charismatiques après la fête - Daniel Raffard de Brienne

Présentation Sommaire

 

Contact Pacte Certitudes
 
La recherche du sensible dans l’enseignement des saints

Les plus grands mystiques, souvent favorisés eux-mêmes de mystérieux phénomènes physiques, réprouvent cependant tous dans leurs écrits la recherche du sensible.

Saint Jean de la Croix, dans La montée du Carmel, explique que, au cours du chemin de l’ascension vers la contemplation, on ne rencontre « nada » : « Rien, rien, rien, rien. Et sur la montagne, rien ». Pour lui, l’union avec Dieu, c’est le dépouillement, la contemplation de « rien » de sensible, il va même jusqu’à recommander de rejeter toutes les manifestations d’origine surnaturelle, même si elles sont bonnes. Une de ses préfacières commente : « Pour atteindre l’essence de Dieu, qui est au-delà de toute représentation sensible, qui surpasse de l’infini toute image et tout sentiment, il faut passer au-delà de toute image et de tout sentiment »[35]. On trouve le même enseignement chez sainte Thérèse d’Avila qui précise que, si une âme reçoit des signes extérieurs, elle doit agir comme s’il n’y en avait pas[36]. On raconte que si une de ses religieuses ressentait un phénomène mystique, elle lui conseillait de « prendre un bon bouillon ».

Saint François de Sales est tout aussi net : « La dévotion ne consiste pas en la douceur, suavité, consolation et tendreté sensible du cœur, qui nous provoque aux larmes et soupirs, et nous donne une certaine satisfaction agréable et savoureuse en quelques exercices spirituels... Il y a beaucoup d’âmes qui ont de ces tendretés et consolations, qui néanmoins ne laissent pas d’être fort vicieuses »[37].

Pour saint Louis Marie Grignion de Montfort, les « dévots extérieurs » « n’aiment que le sensible de la dévotion, sans en goûter le solide ; s’ils n’ont pas des sensibilités dans leurs pratiques, ils croient qu’ils ne font plus rien »[38].

Saint Alphonse de Liguori écrit : « Qu’elles se consolent donc, ces âmes chères à Dieu, résolues à lui appartenir sans réserve mais qui sont privées de toute joie spirituelle »[39]. Et il cite le cas de sainte Jeanne de Chantai qui en a été privée « durant quarante et un ans »[40]. Saint Thérèse de l’Enfant Jésus fut, elle aussi, privée de consolations sensibles : « Ne croyez pas que je nage dans les consolations ; oh ! non, ma consolation, c’est de n’en pas avoir sur la terre »[41].

[35] St Jean de la Croix, La montée au Carmel (Seuil, 1947; introduction d’Yvonne Pellé-Doüel).

[36] Ste Thérèse d’Avila, Le chemin de la perfection (Seuil, 1961).

[37] St François de Sales, Introduction à la vie dévote.

[38] St Louis Marie Grignion de Montfort, Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge.

[39] St Alphonse de Liguori, La pratique de l’amour envers Jésus Christ.

[40] Sur la sainte: Françoise Kermina, Jeanne de Chantai (Perrin, 2000).

[41] Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, Histoire d’une âme.

Vers la partie suivante:

L’« œcuménisme »