En
tentant de rationaliser les vérités de la foi sous couvert de
modernité, de « mise à jour », Vatican II et ses suites n’ont pas
seulement ébranlé ces vérités, mais, d’une manière qui pourrait
sembler paradoxale, ils ont introduit à leur place la sentimentalité
et la recherche du sensible. Ainsi, le Renouveau charismatique va-t-il
bénéficier, à la fois, d’une réaction contre le dessèchement de
la liturgie à la suite du Concile, et du courant de sentimentalisme
induit par le même Concile.
Ce que
l’on appelait jusque-là les vérités de la foi va être relativisé,
si ce n’est implicitement nié, et « démythifié », c’est-à-dire
débarrassé autant qu’il est possible du surnaturel. Ainsi, les
Evangiles ne seront plus des livres historiques inspirés par Dieu, mais
le recueil tardif (et retouché dans les nouvelles traductions) des
légendes et opinions d’antiques communautés chrétiennes[31].
La catéchèse n’enseignera plus que des dogmes devenus flous voire
douteux : paradis et enfer sont des inventions païennes, l’âme
n’est autre que le souffle de vie[32].
La voie
se trouve de la sorte ouverte à toutes les contestations. A tous les
choix aussi : chacun se bâtit son credo à la carte. La voie s’ouvre
également à tous les prétendus œcuménismes : toutes les
options et toutes les religions se valent. Nous reviendrons un peu plus
loin sur ce problème.
Dès
lors, la foi ne peut plus être l’adhésion de l’intelligence aux
vérités révélées. D va s’y substituer une sorte de foi
sentimentale : on croit ce qu’on aime croire. « Dieu est devenu
l’ « ami », puis le « copain ». Il est tout amour »[33].
On débarrasse donc la liturgie de la plupart des signes qui manifestent
du respect envers un « copain » que l’on tutoie sans vergogne. De
toute manière, « tous les hommes sont sauvés pour peu qu’ils
rentrent dans cette atmosphère de charité dévoyée »[34].
Leurs
certitudes dégradées par le relativisme et leur intelligence laissant
la place aux sentiments, ceux des fidèles qui ne se détournent pas de
la foi se mettent à la recherche des signes sensibles qui pourront la
conforter. Il leur faut des contacts directs avec Dieu ou avec un
quelconque au-delà. Il leur faut aussi assister à des phénomènes
extraordinaires, voire surnaturels. Certains entrent dans diverses
sectes plus ou moins illuminées ou ésotériques. D’autres se
tournent vers le Renouveau charismatique où ils trouvent l’effusion
de l’Esprit et les charismes. Nous reviendrons sur tout cela. |